Attention à notre école

Publié le par mala

 

 

Le problème n’est pas d’être pour ou contre la mendicité, mais de l’analyser objectivement afin d’y apporter les réponses appropriées. L’envergure de la mendicité dans les pays de l’islam noir a terni l’image de l’enseignement musulman, terme que la colonisation a toujours utilisé et à laquelle nous substituons aujourd’hui école coranique et medersa ou les écoles franco-arabes.

 

Les premières écoles sont les structures les plus anciennes ayant succédé à l’éducation traditionnelle dans la majeure partie de nos Etats au Sud du Sahara. Encrée dans la mentalité populaire notamment chez les populations fortement islamisées, l’école coranique n’est même pas perçue comme l’acclimatation d’une forme d’éducation importée des pays arabes. Mieux, elle a joué un rôle important sous la période coloniale car perçue par les colonisateurs européens comme un obstacle à la « mission civilisatrice ». Les marabouts et autres lettrés musulmans n’ont pas hésité à s’opposer à l’école en français qui menaient directement à la géhenne. (cf. le débat entre la Grande Royale et son frère dans l’aventure ambiguë de Cheikh Amidou Kane ).

 

La mendicité fait partie des matières à option de ses écoles et elle s’applique aux enfants déplacés. En d’autres termes les enseignants coraniques qui s’installent dans le village et qui ne reçoivent pas d’enfant venant d’autres localités n’ont pas de mendiant. Comme les enseignants communautaires, ils sont à la charge de la communauté qui s’occupe de leur entretien contre service rendu. En revanche, il y a des enseignants itinérants dont la caractéristique principale est le déplacement avec les enfants qui leur sont confiés. Par conséquent, la communauté qui les accueille ne peut pas survenir aux charges de la cohorte d’enfants que l’enseignant trimballe avec lui. Ces enfants doivent demander la pitance dans les foyers qui ne leur ferment jamais la porte. « Chacun a son enfant dehors » se disent-ils.

 

Rappelons que la mendicité est non seulement une matière à option mais qu’elle a une fonction éducative fondée. C’est bien elle qui permet de cultiver chez l’individu la courtoisie, la politesse, l’humilité… Il y a eu dans l’histoire de la zone sud saharienne des riches et même des rois qui ont confié enfants et princes pour leur permettre de mieux connaître le pays et les hommes avant d’hériter soit de la fortune soit du pouvoir. Ils ont été de grands rois et ont été au centre de grandes œuvres de charité. C’est dire combien l’éducation musulmane par le biais de l’école coranique s’est substituée à l’enseignement traditionnel dans cette zone.  

 

Mais, la dérive actuelle prise par le phénomène de la mendicité ne doit pas nous amener à jeter l’enfant avec l’eau du bain. Si la mendicité est devenue une plaie, autant supprimer la matière et permettant aux enseignants itinérants de subvenir à leur besoin autrement qu’en envoyant les enfants dans la rue. Dans tous les cas, bien que cette affaire va secouer l’école coranique, mais elle ne va pas s’écrouler pour si peu.

 

Rappelons que l’école coranique a survécu à l’assaut de la colonisation. Sous prétexte qu’il avait une influence religieuse sans fin sur ses sujets, Karamogoba Sanogo a été fusillé à Lanfiera. La foi musulmane a été renforcée et le dafinna est devenu terre de l’école coranique qui précède l’école en français (enseignement pré-scolaire) et qui reçoit tout le déchet scolaire avec un taux d’achèvement relativement bas. (Mémoire de Modou Konaté). Bobo-Dioulasso a l’une de ses plus grandes écoles aujourd’hui sur la tombe de marabout et toute sa cours accusé du fameux complot à 11 grains. Une purge sanglante a endeuillé des familles dans toute la sous-région qui vivait très intégrée à cette époque.

 

L’ampleur donnée à ce rapport par la presse occidentale ne soit pas nous permettre de nous tromper de combat. Nous ne pourrons jamais aller vers l’EPT en nous passant de ces écoles que d’aucun ont appelés les foyers ardents. Si certains pays comme l’Afghanistan, le Pakistan… sont classés devant nous sur l’indice de développement humain durable, c’est parce qu’ils ont compris que les besoins des populations doivent être pris en compte dans les solutions d’offre éducatives. Le souci de modernisation de ces écoles doit reposer sur des études sérieuses sur les aspirations de la communauté. Les Dara modernes, comme le propose le Sénégal, ne doivent pas être la volonté de donner une façade européenne à une structure africaine pour la rendre accueillante et attrayante. Seule une connaissance réelle de la structure et du fonctionnement de ces écoles peuvent nous permettre d’apporter les solutions idoines.

 

Le problème n’est pas d’être pour ou contre la mendicité, mais de l’analyser objectivement afin d’y apporter les réponses appropriées. L’envergure de la mendicité dans les pays de l’islam noir a terni l’image de l’enseignement musulman, terme que la colonisation a toujours utilisé et à laquelle nous substituons aujourd’hui école coranique et medersa ou les écoles franco-arabes. Les premières écoles sont les structures les plus anciennes ayant succédé à l’éducation traditionnelle dans la majeure partie de nos Etats au Sud du Sahara. Encrée dans la mentalité populaire notamment chez les populations fortement islamisées, l’école coranique n’est même pas perçue comme l’acclimatation d’une forme d’éducation importée des pays arabes. Mieux, elle a joué un rôle important sous la période coloniale car perçue par les colonisateurs européens comme un obstacle à la « mission civilisatrice ». Les marabouts et autres lettrés musulmans n’ont pas hésité à s’opposer à l’école en français qui menaient directement à la géhenne. (cf. le débat entre la Grande Royale et son frère dans l’aventure ambiguë de Cheikh Amidou Kane ).

 

Comme dans toute structure éducative qui se respecte, il y a un cycle de formation qui défini les étapes et le contenu de la formation. De même, le profil du sortant est connu et tout le système s'organise pour l'atteindre. A cet effet, la mendicité fait partie des matières à option de ses écoles et elle ne s’applique qu'aux enfants déplacés. En d’autres termes, les enseignants des écoles coraniques qui s’installent dans le village et qui ne reçoivent pas d’enfant venant d’autres localités n’ont pas de mendiant. Je suis passé personnellement par une école de ce genre avant d'aller à l'école en français. Et comme les enseignants communautaires aujourd'hui, ils sont à la charge de la communauté qui s’occupe de leur entretien contre service rendu. A cela, il faut ajouter les prestations individuelles qu'ils rendent aux individus dans la discrétion.

 

En revanche, il y a des enseignants itinérants dont la caractéristique principale est le déplacement avec les enfants qui leur sont confiés. Ceux-ci se déplacent de village en village en quête de savoir (le plus souvent pour aller voir un autre avec qui ils doivent apprendre quelque chose en plus). Par conséquent, la communauté qui les accueille ne peut pas survenir aux charges de la cohorte d’enfants que l’enseignant trimballe avec lui. Ces enfants doivent demander la pitance dans les foyers qui ne leur ferment jamais la porte. « Chacun a son enfant dehors » se disent-ils et Dieu sait que nombreux sont les familles qui confient leurs enfants dans cette circonstance.

 

Rappelons que la mendicité est non seulement une matière à option mais qu’elle a une fonction éducative fondée. C’est bien elle qui permet de cultiver chez l’individu la courtoisie, la politesse, l’humilité… Il y a eu dans l’histoire de la zone sud saharienne des riches et même des rois qui ont confié enfants et princes pour leur permettre de mieux connaître le pays et les hommes avant d’hériter soit de la fortune soit du pouvoir. Ils ont été de grands rois et ont été au centre de grandes œuvres de charité. Donc, les enfants ne vont pas en itinérance pour des raisons économiques ou financières mais pour des raisons éducatives. C’est dire combien l’éducation musulmane par le biais de l’école coranique s’est substituée à l’enseignement traditionnel dans cette zone.

 

Mais, la dérive actuelle prise par le phénomène de la mendicité laisse perplexe. Il s'agit, comme le dirait le conseiller de la famille auprès de la présidence du Sénégal "une traite humaine". Tout le monde déplore actuellement la situation des enfants dans les grandes capitales de nos pays. Ils sont victime des accidents de la circulation, du viol et des violences de toute sorte. C’est également l’occasion de rappeler aux acteurs de l’éducation que cette violence doit être ne doit traitée dans le cadre des violences en milieu éducative et non dans un contexte isolé. L’instrumentalisation du cas du Sénégal par la presse occidentale est plus que suspect.

L’école coranique est une structure éducative respectable sans laquelle certaines zones comme le Nord du Burkina Faso et du Mali seraient de désert d’éducation. Je sais que d’autres zones d’autres pays de la région ne connaissent cela que comme offre d’éducation. Nous ne devons donc pas jeter l’enfant avec l’eau du bain. Si la mendicité est devenue une plaie, autant supprimer la matière et permettant aux enseignants itinérants de subvenir à leur besoin autrement qu’en envoyant les enfants dans la rue.

 

Dans tous les cas, bien que cette affaire va secouer l’école coranique, mais elle ne va pas s’écrouler pour si peu. Rappelons que l’école coranique a survécu à l’assaut violent et même meurtrier de la colonisation. D’abord, les explorateurs qui ont sillonné les contrées fortement islamisées ont compris que ces lettrés musulmans seraient difficiles à amadouer. Les traités de protectorat d’une zone comme Ségou et Macina a été obtenu par Eugène Mage au bout de plusieurs mois de négociation et seule la version traduite au souverain dans la langue qu’il savait lire (arabe) a été signé par lui. Binger a vite compris que les Dioula de Kong ne seraient pas aussi vite conquis tant le niveau d’éducation générale du peuple, sous la direction de l’imam Sitafa Sanogo, était élevé. Ayant déclaré l’analphabétisme comme un péché, les actifs allaient au cours du soir avant la dernière prière à la mosquée. Sous prétexte qu’il avait une influence religieuse sans fin sur ses sujets, Karamogoba Sanogo a été fusillé à Lanfiera. La foi musulmane a été renforcée et le dafinna est devenu terre de l’école coranique qui précède l’école en français (enseignement pré-scolaire) et qui reçoit tout le déchet scolaire avec un taux d’achèvement relativement bas. (Mémoire de Modou Konaté). Bobo-Dioulasso a l’une de ses plus grandes écoles aujourd’hui sur la tombe de marabout et toute sa cour accusés du fameux « complot à 11 grains ». Une purge sanglante a endeuillé des familles dans toute la sous région qui vivait très intégrée à cette époque. Tout cela pour dire que l’école coranique est une mine qui peut permettre d’améliorer considérablement le niveau d’instruction général d’un peuple. Elle peut et elle doit être prise en compte si l’on veut réellement mesurer notre système éducatif dans toutes ses dimensions.

 

L’ampleur donnée à ce rapport par la presse occidentale ne soit pas nous permettre de nous tromper de combat. Nous ne pourrons jamais aller vers l’EPT en nous passant de ces écoles que d’aucun ont appelés les foyers ardents. Si certains pays comme l’Afghanistan, le Pakistan… sont classés devant nous sur l’indice de développement humain durable, c’est parce qu’ils ont compris que les besoins des populations doivent être pris en compte dans les solutions d’offre éducatives. Le souci de modernisation de ces écoles doit reposer sur des études sérieuses sur les aspirations de la communauté. Les Dara modernes, comme le propose le Sénégal, ne doivent pas être la volonté de donner une façade européenne à une structure africaine pour la rendre accueillante et attrayante. Seule une connaissance réelle de la structure et du fonctionnement de ces écoles peuvent nous permettre d’apporter les solutions idoines.

Mamadou Lamine SANOGO

Maître de recherche

INSS-CNRST / Ouagadougou

Burkina Faso

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