Les besoins langagiers dans les programmes d’alphabétisation au Burkina Faso : Le cas des migrants dans la région des Hauts-Bassins

Publié le par mala

Les besoins langagiers dans les programmes d’alphabétisation au Burkina Faso :

Le cas des migrants dans la région des Hauts-Bassins

 

Conférence sur la Coexistence des langues en Afrique de l’Ouest
Université de Cape Coast, Ghana,

du 12-15 novembre 2012

 

—  contexte

—  Engagements internationaux

—  EPT

—  OMD

—  Engagement national

—  SCAAD = OMD + taux de croissance à 13%

—  PNUD: Classements sur la dernière décennie = 170è rang mondial

—  contexte

—  Classement du PNUD

—  Indice de l’éducation 4 points

—  Scolarisation = 1 points

—  Éducation non formelle = 3 points

Taux d’alpha (pop +15/ pop totale) = environ 30%

Seuil de décollage PUND = 40%

Faible taux d’alpha = contrainte majeure

—  Classement du PNUD

—  Indice de l’éducation 4 points

—  Scolarisation = 1 points

—  Éducation non formelle = 3 points

Taux d’alpha (pop +15/ pop totale) = environ 30%

Seuil de décollage PUND = 40%

Faible taux d’alpha = contrainte majeure

Nombreuses  Stratégies – méthodes - pratiques

1965 alpha fonctionnelle

années 1970 méthode mutuelle

1990 . CAPF

1991 Adoption de la stratégie de faire faire (répartition fonctionnelle des rôles entre

·         Etat régalien

·         PTF  ressources financières

·         Opérateurs tenue des centres=

2011. PRONAA 2015

Nombreuses  Stratégies – méthodes - pratiques

Objectif majeure = atteindre taux de 60% en 2015

—  problématique

—  Non maîtrise de la langue d’alpha par des acteurs des Centres d’alphabétisation dioulaphones à l’Ouest

—  Apprenants

—  Formateurs

—  Superviseurs

—  Principes linguistiques 1965 (alpha fonctionnel) ENF = langue maîtrisée par les acteurs

—  Fonctionnel, ré-investissement immédiat des acquis

—   (opérateurs) Proposition endogène = enseigner les migrants (moose) en L1

—  (apprenants) Refus de ces apprenants = venant au centre (plateau mossi) pour renforcer le dioula en vue de s’intégrer dans le milieu d’accueil

—  (Etat) maintien du dioula et ouverture aléatoire de quelques centres moorephones

—  deux hypothèses

—  1. l’alpha est certes un indicateur de performance mais pas une finalité

—  2. si l’alpha se fait au bénéfice des apprenants, il faut prendre en compte leurs besoins dans les programmes

—  Cadre théorique

—  Double perspective de flux humaine et manifestations linguistiques consécutives d’où :

a.sociolinguistique = Glottopolique de Marcellesi et Gardin

    Nous utilisons ce terme dans la conception de Marcellesi J.B. (1986) comme l’ensemble des attitudes conscientes et inconscientes qu’adopte un individu ou un groupe envers les langues quelque soit sa classe et l’idéologie.

b.Géographie de population = Ecole de Chicago

—  Intérêt pour le sujet

—  Éducation bilingue

—  Politique linguistique

—  Promotion des langues nationales

—  Plan

—  1. Présentation de la zone d’étude (nord)

—  2. Présentation des résultats de l’étude

—  1. Présentation de la zone d’étude
1.1. zone géographique (nord)

—  1.2. organisation administrative

—  La région Hauts-Bassins

—  2 juillet 2001  : création de la région

—  population 2002 = 1 232 891 habitants

—  capitale = Bobo-Dioulasso

—  Hauts-Bassins = 3 provinces

—  Houet,

—  Kénédougou,

—  Tuy.

— 
1.2. Composition ethnique

—  Les populations autochtones se répartissent entre les trois provinces de la façon suivante 

—  1.2. Composition ethnique autochtones

—  1.2. Composition ethnique populations migrantes

—  Migrants majoritaires

—  Moose +++

—  Peul+

—  Migrants minoritaires

—  Minorités relatives

—  Bisa, Cerma, Turka, Winien, Kpéé (Noumou), Lobiri, DogononGouin, San, Gourounsi, Haoussa…

—  Minorités absolues

—  Fulse, Kalamse, Fulsé, le Kalamse

—  1.2. Composition ethnique = 173

—  1.2. profil des migrants majoritaires

—  1.2. profil des migrants majoritaires

—  Les caractéristiques des Peuls  :

—  -          Absence de monolingue  ;

—  -          Tout bilingue = dioula langue seconde ;

—  Les caractéristiques du profil des Moose se résument comme suite :

—  -          Présence de monolingues;

—  -          Tous les bilingues parlent en plus le dioula ;

—  -          La pression qu’exerce le dioula est telle que l’apprentissage des langues des populations autochtones ne semble pas du tout nécessaire. Le dioula n’est-il pas à juste titre considéré aussi comme la langue de tous dans la zone ?

—  -          Très peu de francophones qui sont soit des déscolarisés, soit des personnes ayant été en Côte d’Ivoire.

—  -          Les pratiques langagières en familles sont très conservatrices à cause de l’endogamie régnante. A titre d’exemple, parmi les personnes touchées par l’enquête par questionnaire, seulement 7 sur les 73 reconnaissent utiliser souvent le dioula en famille avec les enfants le plus souvent.

—  Langues en présence

—  Langues d’alphabétisation

—  Contraste entre situation et besoins

—  Solutions proposées au problème
moore, dioula, fulfulde, français

—  sur le moore et le fulfulde

—  Langues très présentes dans la région des Hauts Bassins, le moore et le fulfulde font partie du patrimoine linguistique de la région. Nous avons ainsi des profils assez variables dont certains nécessitent une approche particulière. C’est le cas des monolingues moose ou peul qui sont soit des non actifs, soit des migrants récents. Si nombre de ces personnes aspirent à parler le dioula comme langue d’intégration, il faut reconnaître que les locuteurs du dioula non fonctionnel sont nombreux dans ce groupe. Aussi, une attention particulière accordée au profil et besoin de ce groupe spécifique permettra de relancer l’alphabétisation dans certains centres frappés de faible fréquentation. Des partenaires comme l’ANTBA et l’AD ainsi que les services techniques pourraient être mis à contribution pour les centres moorephones et fulaphones. De même, après une phase AI et FCB en moore et fulaphones dans les zones où cela est nécessaire, il faudrait envisager un cycle de passage des acquis du moore ou du fulfulde au dioula afin de satisfaire nombre d’auditeurs qui souhaitent apprendre et/ou renforcer leurs pratiques du dioula.

—  Solutions proposées au problème
moore, dioula, fulfulde, français

—  sur le dioula

—  la langue la plus importante dans l’alphabétisation, langue véhiculaire de la région et langue d’animation des groupements villageois, sa connaissance et sa maîtrise sont nécessaires pour une intégration des migrants. Elle assure également la fonction d’unification car en plus de ceux qui la maîtrisent déjà, il y a plus de personnes qui souhaitent l’acquérir et/ou renforcer leur acquis dans cette langue.

—  Par conséquent, nous recommandons vivement de tenir compte de ce besoin manifeste d’apprendre le dioula, ou de renforcer cette langue dans le choix des langues d’alphabétisation. Une mesure qui exclurait le dioula dans les localités où les auditeurs souhaitent l’apprendre comme langue d’intégration pourrait cause des dommages importants quant à la fréquentation du centre. En revanche, en la maintenant obligatoirement où il n’y a pas suffisamment de locuteurs fonctionnelles et de besoins de l’apprendre peut avoir les mêmes effets.

—  Solutions proposées au problème
moore, dioula, fulfulde, français

—  sur le français

—  Langue officielle et langue de l’élite, le français occupe une position non moins importante car c’est bien la langue que beaucoup souhaite acquérir dans une phase de post-alphabétisation. Il apparaît après le moore à cause surtout de nombreux locuteurs de dioula non fonctionnel chez les Moose. Ces derniers souhaitent se faire alphabétiser d’abord en moore, ensuite au dioula et avant de passer enfin au français. Le besoin d’apprendre cette langue officielle n’est certainement pas écarté par les enquêtés. Nous pensons que son occurrence faible peut s’expliquer par le souci manifeste de faire redémarrer les centres fermés où seules les langues nationales sont acceptées dans le cycle de base AI et FCB.

—  Ainsi, et afin d’encourager les auditeurs, il convient de créer les cycles où l’on introduira le français dans une phase d’alphabétisation avancée. Si dans nombre de centres le cycle AI et FCB n’attirent pas beaucoup de personnes, l’introduction du français fonctionnel est un besoin réel et réalisable en se fondant sur les acquis des langues nationales. La recherche appliquée a produit des résultats dans ce domaine qui restent d’ailleurs à améliorer.

—  conclusions

—  Aux termes de la présente étude sur les besoins langagiers des populations de la région des Hauts Bassins, nous sommes arrivés à la conclusion selon laquelle cette région se caractérise par :

—  ·   La présence de nombreuses langues dont plus des 2/3 sont le résultat de la migration récente de populations. Les nombreuses langues sont loin d’être de simples compléments du tissu linguistique déjà multicolore. Elles participent ainsi à la nouvelle configuration linguistique de la zone et il est donc nécessaire de les prendre en compte dans toute politique de développement ;

—  conclusions

—  La dynamique langagière que connaît cette zone est marquée par l’intérêt de tous pour le dioula et la montée du moore. Les langues des groupes ethniques sont le domaine réservé des relations de communication intrafamiliale et intra-ethniques. Quant au dioula, il assure pleinement sa fonction véhiculaire et commerciale. A ce titre, il est la principale langue des situations de communication extrafamiliale ;

—  ·

—  conclusions

—    Le français, l’unique langue officielle et la langue de l’élite a une présence fonctionnelle peu importante en milieu rural. S’il n’est pas beaucoup utilisé dans les échanges, il faut reconnaître que nombreux sont ceux qui désirent l’apprendre. Par conséquent, le cycle d’alphabétisation devra introduire une phase supplémentaire d’apprentissage du français à partir des langues nationales. Cet apprentissage « sans prétention académique » devra reposer sur la recherche d’un bonus, d’un plus pour ceux qui sont passé par le cycle d’alphabétisation de base ;

—  ·   La leçon principale que l’on retiendra est donc le choix linguistique du dioula qui n’est pas toujours approprié compte tenu du profil des populations ainsi que de leurs besoins et aspiration. Ainsi, si les groupes de migrants comme les Moose et les Peuls doivent être nécessairement alphabétisés dans leur langue faute d’un niveau de maîtrise suffisant du dioula, il convient de prendre en compte le type de site occupé par ces groupes cibles. Ainsi, lorsque ces migrants sont installés dans des enclaves comme Saho, Yéhoun, Lampa ou Béna, les conditions géographiques sont réunies pour leur ouvrir des centres en moore ou en fulfuldé.

—  conclusions

—  Il reste donc à réunir les conditions matérielles et humaines indispensables comme la recherche d’animateurs, de personnel de service technique ainsi que de documents nécessaires. Les langues comme le moore et le fulfulde ne manquent pas de ces ressources. Il s’agit donc de les faire venir après une campagne de sensibilisation en insistant sur les raisons objectives du choix linguistique au niveau du groupe. Rien ne garanti d’office l’acceptation d’une langue ethnique surtout si elle est déjà maîtrisée. N’oublions surtout pas que de nombreux moose s’inscrivent dans les centres d’alphabétisation pour apprendre ou  renforcer leur dioula. A ce propos, il convient d’imaginer déjà des passerelles pour apprendre le dioula à partir de l’alphabétisation de base dans les langues maîtrisées comme le moore, le bwamu et fulfulde. S’il existe des documents d’apprentissage du dioula pour francophone, anglophones ou germanophones, celui destiné à des lettrés dans les langues africaines n‘est pas encore réalisé. C’est donc l’occasion de penser à une conception de qualité et techniquement fiable afin de réussir cette mission combien difficile.

—  conclusions

—  Une autre leçon de cette étude est la nécessité de la prise en compte des besoins créés chez les minorités autochtones par la présence des centres d’alphabétisation de la Sil et de l’ANTBA. Ces centres ont le mérite de réveiller l’intérêt de ces groupes pour leur langue. En s’inspirant des documents de l’alphabétisation initiale et en laïcisant le contenu des programmes, le BKF 010 pourra intervenir dans les villages du Kénédougou Nord et du Tuy où les APA souhaitent alphabétiser leur adhérents dans leur langue ethnique. Dans tous les cas de figure, il ne s’agit pas de centre d’apprentissage de ces langues, aussi, les auditeurs doivent-ils être des locuteurs confirmés.

—   

—  Enfin et pour terminer, les campagnes d’alphabétisation doivent innover aussi bien dans leur méthode que dans leur contenu. Il ne s’agit pas de proposer des programmes bien montés dans des bureaux mais d’associer étroitement les APA et les groupements des villages cibles aux négociations. Une approche participative est donc nécessaire et les besoins des bénéficiaires doit être pris en compte dans le cadre général des programmes. Le traditionnel pack LEC (Lecture, Ecriture et Calcul) a montré ses limites. Les néo-alphabétisés ne savent pas toujours quoi faire de leurs acquis et les FTS n’ont pas toujours apporté les réponses appropriées.

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